Articles Scientifiques


Résumé :
Les  orchestres symphoniques et les organisations culturelles disposent généralement de peu d’informations sur le profil, le comportement, les motivations de leurs publics. Un de leurs grands défis est de les faire revenir régulièrement dans leurs spectacles. L’objectif de cet article est de décrire dans le cas de l’Orchestre Symphonique tunisien la politique actuelle de fidélisation ainsi que les moyens humains et financiers déployés dans ce sens et de présenter toute en se basant sur les expériences étrangères des voies d’innovation à travers l’adoption des nouvelles techniques de management tel que le CRM.

Auteurs : 
- Torkia Boussif : Assitante - à  l'Université de la Manouba 
- Sourour Benzarti : Chercheur au Laboratoire CUNTIC : Culture NTIC & Développement 
- Rim Jallouli : Maître assistante - à l'Université de Manouba - Membre au CUNTIC

La gestion de la relation avec le public:
Cas de l’Orchestre Symphonique Tunisien

Introduction
Les systèmes de management des orchestres symphoniques dans le monde, diffèrent selon le contexte, les moyens et la stratégie de fidélisation adoptée. Généralement, les orchestres symphoniques ne disposent que de peu de moyens financiers, techniques et humains pour investir dans une politique de fidélisation et de développement des relations qu’ils entretiennent avec leurs publicsL’orchestre symphonique de Paris investit actuellement  dans  un système de gestion de la relation avec son public : la solution CRM de Salesforce (Boussif, Jallouli et Hamida, 2010) et affirme atteindre ses objectifs en termes de suivi et de fidélisation du public. Qu’en est-il du cas de l’orchestre symphonique tunisien ? Dans quelles mesures investit-il dans  une réelle politique de gestion de la relation avec son public ? Et quelles sont les moyens humains et financiers déployés pour renforcer ces relations à long terme ? 
Le présent article traite en une première partie les principaux concepts de fidélisation et de gestion de la relation client dans les institutions culturelles en se focalisant sur le cas d’adoption de la solution CRM Salesforce par l’orchestre symphonique de Paris. La deuxième partie présente les principaux résultats de  l’étude du cas de l’orchestre symphonique tunisien au moyen d’un guide d’entretien administré auprès du cadre dirigeant, des  membres de l’orchestre et du public. La dernière partie de l’article se consacre à la synthèse des principaux résultats, aux implications managériales et aux voies futures de recherche.
1.      La Gestion de la relation avec le public à l’ère des nouvelles technologies
La littérature est peu fournie en ce qui concerne la gestion de la relation client dans les organisations  culturelles. Dans le présent article, nous  avons délibérément écarté une revue de la littérature sur le CRM en général  (Boisdevésy,2001 ; Brown,2001 ; Godin,2000 ; Goupilleau 2002 ; Lehu,1999) pour nous concentrer sur une revue de la littérature  spécifique  à la fidélisation dans le milieu culturel.
1.1  . La gestion de la relation client : concept et application dans le domaine culturel 
Les recherches portant sur la relation entre la satisfaction et la fidélité dans le champ culturel sont encore extmement rares, selon Gremler et Brown (1999). Dans le cas des festivals, la satisfaction déclarée de ce genre d’événements est généralement ts bonne, mais la fidélité des usagers n’est pas à la hauteur du niveau de satisfaction. Ceci peut notamment s’expliquer par  le  comportement  du  consommateur  qui  devient  plus  complexe,  plus  affectif,  plus éclectique,  plus  impulsif  et  situationnel,  toutes  ces  caractéristiques  ne  favorisant  pas  la fidélité.  De  plus,  le  caractère  expérientiel  du  champ  culturel  rend  la  formation  de  la satisfaction plus complexe. Cependant, comme le relèvent Le Loarne et Chamalon (2005), la fidélisation du  public s’avère cruciale pour les organisations culturelles qui  recourent fréquemment aux subventions  publiques afin de ne pas avoir à répercuter des frais fixes exorbitants et l’absence de gains de productivité sur la tarification des droits d’entrée. Dès lors, dans un contexte où ces subventions  s’amenuisent,  le nombre de « clients » ne s’accroît que faiblement et, face à une offre culturelle très fournie, les institutions culturelles ont tout avantage à pratiquer une stratégie de fidélisation.
Quand on parlde  fidélisation dans  les  organisations culturelles, deux  types  de publics doivent être apphendés : les nouveaux spectateurs et les spectateurs réguliers. Passebois (2003) souligne quune étude alisée par l’Observatoire permanent des publics révèle que, pour la plupart des spectateurs qui se rendent pour la première fois dans l’orchestre symphonique, le public local est généralement celui quil faut conquérir et fidéliser. Rappelons que « la fidélité vis- à-vis dune marque est une tendance délibérée à racheter une marque ou un  produit. Elle découle le plus souvent d’expériences passées positives avec le produit ou la marque ». Dans le contexte culturel, Passebois en déduit deux dimensions : une dimension comportementale, apphendée en termes dintensité de fréquentation, le spectateur se rendant à chaque nouveau spectacle étant considéré comme  fidèle, et une dimension attitudinale, soit sa préférence envers linstitution, son attachement affectif, son  ancienneté. Dune manière générale, les spectateurs réguliers dune organisation culturelle sont également ceux qui ont une pratique culturelle développée: l’ancienneté de lintérêt pour l’art, la fréquentation d’autres activités  culturelles  ou  de  loisirs,  la  lecture  de  revues spécialisées,     la pratique artistique   en amateur et/ou en professionnel. Dès lors, « l’établissement d’une relation de long terme avec une institution culturelle est en grande partie déterminée par des facteurs externes à l’institution, puisqu’elle est liée à une pratique culturelle développée.  Pour  fidéliser  ses  spectateurs,  l’orchestre  doit  mettre  en  place  des programmes de fidélisation conduisant à engager  les spectateurs dans un ensemble de pratiques culturelles » (Passebois, 2003).
Par conséquent, appliquée aux organisations culturelles, la logique de fidélisation passe par une éducation  progressive du public et donc par une certaine familiarisation (Passebois, 2002). Elle représente un enjeu stratégique pour plusieurs raisons : la fréquentation  de  linstitution  peut  être  augmentée  par  le  biais  de  lintensification de la consommation des visiteurs actuels ; les responsables culturels peuvent ainsi  légitimer  l’existence  de  leur  institution  auprès  des  autorités  qui  généralement  les financent. A moyen terme, lextension et le renouvellement du public peuvent être notamment garantis par le bouche-à-oreille. La fréquentation peut être alors mieux lissée tout au long de l’année.
A propos des moyens nécessaires pour mettre en place une stratégie de fidélisation, une recherche menée dans le domaine du théâtre révèle que l’abonnement ne garantit pas toujours une relation exclusive entre un visiteur et une institution (Le Loarne et Chamalon, 2005). Trois variables influencent en effet la naissance d’une relation entre le visiteur et l’institution: la marque, la notoriété de l’institution et la qualité des prestations offertes.
Selon Courvoisier (2007), les orchestres symphoniques entretiennent  des  relations  avec  leurs  spectateurs  depuis  toujours,  mais  pas nécessairement de manière très «moderne». Celles-ci se développent par exemple dans le cadre de programmes éducatifs et culturels, lors de créations d’associations d’amis de l’orchestre, grâce au développement de politiques d’adhésion, par la collecte de fonds et plus récemment par le biais d’un site Internet. « Si les orchestres désirent sincèrement renforcer les liens avec leurs spectateurs, il devient donc essentiel pour eux de mieux connaître ces spectateurs, leurs goûts, leurs habitudes, leurs souhaits, leurs motivations, leurs pratiques, leurs besoins, sachant que ceux-ci évoluent rapidement, en fonction des changements de l’environnement, des styles de vie  et  des  habitudes  de   consommation.  Dans  un  contexte  de  concurrence  renforcée (notamment dans le secteur culturel), les  nouvelles techniques peuvent y contribuer, y compris en termes d’adéquation des offres et de délais de réaction de l’institution» (Courvoisier, 2007). Le but principal étant de rechercher la meilleure « rentabilité » ou intensité culturelle dans la relation avec le spectateur et pas de maximiser le potentiel client en termes de profit comme dans une logique commerciale.
McDonald (2004) souligne que toute politique de gestion de la relation client doit s’inscrire dans une véritable compréhension du marché ainsi que des besoins des différents segments de clientèle. Il définit le CRM comme « un système qui, grâce aux nouvelles technologies de l’information, permet d’intégrer toutes les informations sur les clients à partir de multiples points de contact et de développer des offres adaptées à chaque groupe de clients ». Parmi les systèmes liés aux NTIC, on peut notamment mentionner: les bases de données, les systèmes de service client, les centres d’appel, le e-commerce, le web marketing, les systèmes de gestion des commandes (saisie, facturation paiements,) et les systèmes d’appui des forces de vente (prises de rendez-vous, agendas, rapports de spectacle, etc.)
1.2  . L’expérience de L’Orchestre symphonique de Paris :
Le choix de l’orchestre de paris se justifie par le fait qu’il déploie les nouvelles méthodes de management et tient à rationaliser sa gestion de la relation (client-spectateur) B2B et B2C, et ce à travers l’appropriation de la solution CRM de Salesforce. En effet, l’Orchestre de Paris n’avait pas de solution satisfaisante à la gestion de ses 40 000 clients ponctuels ou abonnés bien qu’il détenait plusieurs bases de données indépendantes (billetterie, mécènes, journalistes, VIP et autres). L’Orchestre avait également besoin d’optimiser ses relations avec ses mécènes. Il voulait développer ses recettes de billetterie et cherchait le moyen d’optimiser ses opérations marketing afin de maximiser le retour sur investissement de ses dépenses marketing.
Pour atteindre ces objectifs, l’orchestre de Paris a déployé Salesforce CRM auprès des 6 personnes chargées de la gestion des clients (particuliers, abonnés, entreprises et mécènes) et de l’attachée de presse. Une interface a été créée avec le logiciel de billetterie dont les données sont désormais intégrées automatiquement dans la base Salesforce. Les données existantes ont été nettoyées et réintégrées dans la nouvelle base Salesforce. Après implémentation de la solution CRM, l’Orchestre de Paris a pu professionnaliser et rationaliser ses processus de gestion de ses relations avec le public. L’administration de l’Orchestre dispose désormais d’une vue complète sur chacun de ses 40 000 clients (entreprises et particuliers). L’Orchestre pourra envoyer des campagnes d’e-mailing directement à partir de l’application CRM à plus de 7 000 contacts. Le temps nécessaire à l’envoi d’un dossier de mécénat a été divisé par deux. Le nombre d’envois d’offres promotionnelles par courrier postal a été divisé par deux grâce à une base de données marketing unique et cohérente.
2.      Le cas de l’orchestre symphonique tunisien
2.1. Présentation de l’orchestre tunisien
Crée en 1969 l'Orchestre Symphonique Tunisien, constitua un évènement culturel important en Tunisie.  Durant une période de dix ans, l’orchestre symphonique tunisien a pu garantir à la fois un nombre assez important d’œuvres classiques internationales et une bonne assise de spectateurs. L’objectif principal de l’orchestre est de faire connaître les œuvres de la musique universelle en Tunisie; ainsi que la présentation de compositions de musique tunisienne sous des formes orchestrales diverses (symphonies, sonates, concerto). L'orchestre participe activement au Festival d'El Jem qui se déroule chaque été, mais aussi au Festival de Carthage et au Festival du Sahara de Douz. L’orchestre symphonique tunisien est connu par la continuité de ses répétitions, par l'expérience de ses instrumentistes et surtout par le respect du calendrier de ses concerts périodiques qui est annoncé d’habitude au début de chaque saison. Ceci a permis de renforcer le professionnalisme des membres de l’orchestre d’une part et a créé une fidélisation avec les spectateurs basée sur le Rendez-vous au concert chaque dernier jeudi du mois.
Actuellement, l’orchestre se compose de plus de 50 musiciens professionnels diplômés des grandes écoles de musique, d'un chef d'orchestre, et d'un régisseur général. Parmi ses stratégies de départ, l’orchestre destinait ses spectacles vers une population très jeunes comme les élèves et les étudiants. Ceci leurs permet de découvrir les différents courants musicaux internationaux. Dans une étape avancée, l’orchestre ouvre ses portes au grand public, sans nier son principe de départ « de la musique pour les élèves ». De ce fait, il distribue avant chaque concert des invitations dans deux instituts situés à Tunis la capitale. Le taux de présence publique est moyen.
De nos jours, après plus de 500 concerts, le public est devenu très diversifié en termes de nationalité, d’âge et d’appartenance sociale. Le plus important, c’est que le taux de présence des spectateurs tunisiens augmente progressivement.
2.2  . Etude exploratoire :
Pour mieux comprendre le système de gestion de la relation avec le public au sein de l’orchestre symphonique tunisien, le présent article se propose une recherche exploratoire sur la base d’entretiens avec le chef d’orchestre (remplaçant), trois membres et enfin quatre spectateurs.
L’objectif principal des entretiens est de porter un éclairage sur la politique et les moyens déployés par l’orchestre symphonique tunisien pour la fidélisation du public.
2.2.1. La politique de fidélisation 
Les spectateurs de l’orchestre symphonique sont les étudiants en musique qui suivent de prés les répétitions de l’orchestre et sont très assidus dans les concerts, les anciens amateurs (des français résidents en Tunisie entre autres), les nouveaux amateurs (les tunisiens influencés par la musique occidentale), les journalistes (présents généralement dans les spectacles de grande envergure nationale), les VIP (les ambassadeurs, les ministres) La majorité des spectateurs ont déclaré qu’ils bénéficient d’invitations lors de leurs entrées au spectacle de l’orchestre et que leurs présences dépendent généralement du programme du concert (pour les spectateurs musiciens). L’orchestre dispose d’un seul point de vente qui est le guichet du théâtre municipal de Tunis. L’orchestre propose des prix abordables et fait des réductions sur les droits d’entrée au spectacle pour les étudiants, les élèves et les militaires. Les spectateurs déclarent qu’ils obtiennent l’information (date et programme du concert) par l’intermédiaire des médias et journaux, le bouche à oreille, les affiches sur les lieux fréquentés tel que l’Institut Supérieur de Musique de Tunis. Tous les répondants évoquent la nécessité d’une diversification des moyens de renseignement sur le spectacle et soulignent que les affiches s’installent uniquement au niveau de l’avenue Habib Bourguiba et juste cinq jours environ avant le spectacle chose qui limite la diffusion de l’information pour un plus grand nombre de public.
Les entretiens en face-à-face menés individuellement auprès d’un contrebassiste, un violoncelliste, un violoniste et le chef de l’orchestre (remplaçant) montrent un intérêt réel à l’identification précise et continue du profil des spectateurs fréquentant les concerts d’une part, et d’autre part une sensibilité à l’importance de pouvoir piloter et coordonner des activités marketing ciblées, par exemple des campagnes de communication.
En ce qui concerne le profil du spectateur, l’analyse des réponses montre que les membres de l’Orchestre symphonique de Tunis s’intéressent à connaître : les motivations du spectateur, le degré de satisfaction post spectacle, la fréquence de présence et les moyens de communication des spectacles. Mais, ils ne voient pas l’importance de connaître le background et les centres d’intérêts culturels des spectateurs. Dans son système de fidélisation, l’orchestre se base sur des réductions de prix pour les spectateurs ponctuels et des abonnements pour les amateurs fidèles.
2.2.2. Les moyens déployés 
L’orchestre dispose d’une base de données spectateurs pour distinguer les étudiants, les VIP, les journalistes et les amateurs de l’orchestre. Mais, l’information concernant le nombre moyen de spectateurs par spectacle reste inconnu (inaccessibilité à la base et centralisation de l’information). Concernant la politique de communication pour les spectateurs de passage, les répondants prévoient : la promotion sur les lieux fréquentés par le public cible, les supports de communication (dépliants et affiches) et les médias comme les journaux et la radio (RTCI et Mosaïque FM). Le responsable de l’orchestre projette l’intégration des nouvelles technologies dans la gestion future de la relation avec le public à travers la mise en place de leur propre site web et l’instauration d’une compagne d’e-mailing communicant les dates et les programmes des spectacles. Un des membres de l’orchestre a évoqué l’existence d’une page sur le réseau social Facebook pour publier les dates et les programmes relatifs aux concerts de l’orchestre et pour assurer la communication entre les membres. Cependant, la mise en place d’un système de gestion du public par le biais des outils modernes (tel que l’adoption d’une solution CRM ou l’appropriation d’une application de communication par SMS) ne figure pas dans l’ordre du jour de la stratégie de management de l’orchestre.
Les principaux problèmes évoqués lors des entretiens avec les membres de l’orchestre,  sont la difficulté de la mise à jour des spectacles, les problèmes d’ouverture sur les œuvres internationales, ainsi que le problème de communication lié étroitement à des difficultés financières. Les membres évoquent également le système de  management qui n’est pas mis à jour depuis 1969, avec toutes les répercussions sur la motivation et la créativité des membres de l’orchestre. Il est clair d’après les entretiens que le problème financier s’est répercuté négativement sur les honoraires des membres ce qui a était à l’origine du départ de plusieurs membres professionnels.
3. Synthèse des résultats et voies futures de recherche 
Les conclusions de cette investigation mentionnent que le public de l’orchestre symphonique tunisien est diversifié avec une majorité d’étudiants en musique. L’orchestre dispose d’un seul point de vente de billets,  le guichet du théâtre municipal de Tunis. Généralement, les entrées au spectacle se font par invitation et l’orchestre propose des prix abordables et des réductions pour les étudiants, les élèves et les militaires, réalité qui affecte les recettes de l’orchestre et entrave l’investissement dans une stratégie innovante de fidélisation.  
L’orchestre détient une base de données spectateurs qui pourrait être exploitée lors de la mise en place d’une solution de gestion de la relation avec le public. Les moyens de communication (dépliants, affiches, bouches à oreilles..) que déploie l’orchestre symphonique tunisien manquent d’innovation et n’intègrent pas pleinement les possibilités offertes par les nouvelles technologies (site web, blog, réseaux sociaux, CRM, billetterie et réservation en ligne).
Aujourdhui, les orchestres sont confrontés à deux défis: dune part, développer  leurs publics et d’autre part les fidéliser. Un enjeu culturel et économique de taille,  surtout avec les moyens parfois insuffisants provenant principalement de la billetterie et des donations.
Cette recherche se propose de comprendre l’état actuel de la gestion de la relation de l’Orchestre symphonique de Tunis avec son public dans le but de parvenir à la définition d’une stratégie de développement à moyen et long terme d’une communication moderne et efficace en tirant avantage des expériences réussies d’autres orchestres à l’échelle internationale. L’adoption de la solution CRM Salesforce dans le cas de l’orchestre symphonique de Paris a permis de disposer de données réelles, actualisées et fiables de la structure sociodémographique et comportementale  de  ses spectateurs, de leurs besoins, opinions et attentes ainsi que d’un instrument statistique en vue de développer des activités de fidélisation.
Ces dernières années un nouvel outil CRM a fait son apparition: le téléphone portable. Il permet  d’atteindre  des  objectifs  multiples tels que la mobilisation et la fidélisation des publics cibles ou la diffusion de promotions (Demoy, 2005). Les institutions  culturelles  et  particulièrement les orchestres peuvent très bien procéder à un sondage par SMS, comme alternative aux classiques sondages avec questionnaire papier.
Conclusion
A l’ère des nouvelles technologies, les orchestres symphoniques se trouvent dans l’obligation de rationnaliser leur système de management au moyen d’une politique de fidélisation déployant les nouvelles méthodes de gestion de la relation avec leurs publics. Le présent article se propose d’élaborer une analyse exploratoire du cas de l’orchestre symphonique tunisien.
Après une revue de la littérature concernant le concept CRM et ses applications dans le  domaine  du marketing des arts et de la culture, le présent article expose l’expérience de l’orchestre symphonique de Paris qui a réussi à optimiser la gestion de ses 40000 spectateurs grâce à la mise en place d’un système CRM. Des entretiens avec les membres de l’orchestre symphonique tunisien ainsi qu’avec certains de ses spectateurs explorent le système actuel de gestion de ses relations avec le public. Un système caractérisé essentiellement par la fidélisation du public par la régularité des dates des spectacles et les invitations offertes aux amateurs élèves et enseignants dans les instituts de musique.
L’appropriation des nouvelles technologies d’information et de communication est vivement recommandée pour le développement d’une politique de gestion moderne et efficace des relations avec le public et les mécènes de l’orchestre symphonique tunisien. Un choix qui s’avère de plus en plus judicieux surtout que le public en Tunisie se trouve sensible à ce type de communication moderne et dans un contexte culturel et économique propice à de telles initiatives, et ce pour un meilleur rayonnement à l’échelle national et international. L’exemple des amphithéâtres tunisiens qui affichent complet lors des spectacles d’autres orchestres symphoniques en Tunisie illustre bien le potentiel de ce public.
Bibliographie
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http://www.orchestredeparis.com/ consulté en juin 2010